Qui a droit au statut de réfugié - et qui décide ?


Des enfants à dos qui marchent dans la foule.

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Légende image, Sous la présidence de Joe Biden, le nombre d'issions de réfugiés aux États-Unis a été plafonné à 125 000 par an.

La semaine dernière, 59 Sud-Africains blancs sont arrivés à l'aéroport de Dulles, près de Washington DC, après avoir obtenu le statut de réfugié.

Le président Trump affirme que les Afrikaners, un groupe minoritaire descendant des colons européens, sont victimes de "discrimination raciale" et d'un "génocide".

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa affirme que ces allégations sont fausses et qu'il n'existe aucune preuve pour les étayer.

Habillé de manière décontractée et brandissant des drapeaux américains, le groupe d'hommes, de femmes et d'enfants a été accueilli chaleureusement par les autorités américaines, un geste qui, selon les critiques, contraste fortement avec la position actuelle de l'istration Trump sur les réfugiés.

En janvier, le président Trump a publié un décret suspendant le programme d'installation des réfugiés. Les issions de réfugiés ont ainsi été interrompues, laissant plus de 100 000 personnes bloquées.

Toutefois, le décret prévoyait des exceptions limitées à déterminer au cas par cas. Le mois suivant, le président Trump a signé un autre décret accordant aux Afrikaners le statut de réfugié.

Cette décision a suscité de nombreuses critiques et indignations en Afrique du Sud, où les Afrikaners, qui ne représentent que 7 % de la population du pays, possèdent la moitié des terres agricoles. Le président Rampahosa a qualifié de "lâches" les membres du groupe qui s'installent aux États-Unis.

"Si vous regardez tous les groupes nationaux de notre pays, qu'ils soient noirs ou blancs, ils sont restés dans ce pays parce que c'est notre pays et que nous ne devons pas fuir nos problèmes. Nous devons rester ici et résoudre nos problèmes", a-t-il déclaré.

Cette décision a également été condamnée par des groupes de défense des droits de l'homme, des commentateurs et même par l'Église épiscopalienne, qui a déclaré qu'elle n'aiderait pas à réinstaller les Afrikaners en raison de son engagement en faveur de la "justice raciale et de la réconciliation", mettant ainsi un terme à son partenariat de près de quarante ans avec le gouvernement américain.

Le secrétaire d'État adt, John Landau, a été interrogé par la BBC sur les raisons pour lesquelles les Sud-Africains blancs se voyaient accorder le statut de réfugié au détriment de personnes fuyant les persécutions, comme les Afghans.

Il a déclaré que les critères d'entrée prenaient en considération la facilité avec laquelle les réfugiés pouvaient s'assimiler, ce qui a suscité un débat sur le rôle de la politique et des intérêts stratégiques dans le choix des personnes qui se voient accorder le statut de réfugié.

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Deux jeunes filles tiennent une barricade tandis qu'une femme, à proximité, berce un enfant au milieu de la foule.

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Légende image, Selon le HCR, ( Haut commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) en juin 2024, il y avait 43,7 millions de réfugiés dans le monde. 65 % de tous les réfugiés relevant du mandat de l'agence proviennent de quatre pays seulement : La Syrie, le Venezuela, l'Ukraine et l'Afghanistan.

Qu'est-ce qu'un réfugié ?

La Convention de 1951 sur les réfugiés définit un réfugié comme une personne qui "craint avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques; qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut pas y retourner".

La définition initiale était limitée aux réfugiés européens après la Seconde Guerre mondiale, mais la Convention a été modifiée en 1967 pour supprimer les restrictions géographiques.

Outre la définition du réfugié, la convention énonce également les droits des réfugiés.

Les réfugiés en chiffres

Selon le HCR, en juin 2024, il y avait 43,7 millions de réfugiés dans le monde. 65 % de tous les réfugiés relevant du mandat de l'agence proviennent de quatre pays seulement : Syrie, Venezuela, Ukraine et Afghanistan.

La grande majorité des réfugiés, soit 71 %, sont accueillis par des pays à revenu faible ou intermédiaire. L'Iran, la Turquie, la Colombie, l'Allemagne et l'Ouganda sont les cinq principaux pays d'accueil. Près de 70 % des réfugiés sont accueillis dans des pays voisins.

Sous la présidence de Joe Biden, le nombre d'issions de réfugiés aux États-Unis a été plafonné à 125 000 par an.

Au cours de la dernière année de sa présidence, plus de 100 000 personnes ont obtenu le statut de réfugié, soit le nombre le plus élevé depuis trente ans.


Un groupe d'hommes et de femmes se rassemblent autour d'une barricade !

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Légende image, Sous la présidence de Joe Biden, le nombre d'issions de réfugiés aux États-Unis a été plafonné à 125 000 par an.

Quelle est la différence entre un réfugié, un demandeur d'asile et un migrant ?

Un réfugié est une personne qui a fui son pays en raison de la guerre, de la violence ou de la persécution. Une personne a droit à une protection juridique lorsqu'elle se voit accorder le statut de réfugié.

Un demandeur d'asile est une personne qui a également quitté son pays en raison de violences, de guerres ou de persécutions, mais qui n'est pas encore légalement reconnue comme réfugiée.

Selon l'OIM, il n'existe pas de définition concrète du terme "migrant", mais une description généralement acceptée est la suivante : "une personne qui quitte son lieu de résidence habituel, que ce soit à l'intérieur d'un pays ou à travers une frontière internationale, de manière temporaire ou permanente, et pour diverses raisons".

Quels sont les facteurs qui influencent l'octroi du statut de réfugié ?

Les réfugiés sont reconnus sur la base des définitions établies par le droit international, mais chaque pays a sa propre procédure pour déterminer qui remplit les conditions requises.

Tendai Achiume, professeur de droit à Stanford et ancien rapporteur spécial des Nations unies sur le racisme et la discrimination raciale, affirme qu'il existe des préjugés lorsqu'il s'agit d'accorder le statut de réfugié.

Selon elle, certains pays préfèrent aider les personnes avec lesquelles ils ont des liens, les réfugiés blancs bénéficiant souvent d'un certain degré de "privilège et de protection" que n'ont pas les réfugiés non blancs.

"L'Ukraine en est un exemple très concret et frappant", dit-elle.

"Il y a eu un tollé mondial lorsque nous avons vu des images de personnes qui fuyaient ce pays, avec un traitement différent pour les personnes qui fuyaient l'Ukraine et qui n'étaient pas blanches.

Selon Mme Achiume, les intérêts stratégiques d'un pays influencent également la manière dont les pays choisissent d'ettre les réfugiés. Par exemple, il se peut qu'un pays exprime un intérêt particulier à répondre aux déplacements qu'il a provoqués.

"Parfois, les pays expriment une préférence pour les réfugiés les plus vulnérables, comme les femmes, les enfants ou les personnes âgées qui subissent des formes particulières de persécution", explique M. Achiume.

"Mais le droit international interdit les préférences discriminatoires dans le sens de la discrimination, c'est-à-dire sur la base de la race, de la religion ou de l'origine nationale.

Comment les communautés de réfugiés aux États-Unis ont-elles réagi aux événements récents ?


Un manifestant brandit une pancarte à l'aéroport.

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Légende image, Les réfugiés sont reconnus sur la base des définitions établies par le droit international, mais chaque pays a sa propre procédure pour déterminer qui remplit les conditions requises.

Les communautés de réfugiés à travers les États-Unis sont effrayées par les changements soudains de politique, déclare Nils Kinuani, responsable de la politique fédérale d'African Communities Together, une organisation qui soutient les immigrants africains aux États-Unis.

"Les gens ne savent pas à quoi s'attendre et comment planifier leur vie", explique-t-il.

Selon lui, le fait que les Afrikaners obtiennent si rapidement le statut de réfugié, alors que des milliers d'autres ent des années à suivre la procédure, envoie un "message inquiétant".

"L'Amérique s'est construite sur le principe d'un pays accueillant qui offre une protection aux personnes en danger. Maintenant, nous avons cette nouvelle posture de cette istration pour donner ces avantages aux personnes les plus privilégiées", dit-il.

Kunani estime que la décision de l'istration Trump est motivée par le "racisme".

Interrogé sur la raison pour laquelle les demandes de réfugiés des Afrikaners ont été traitées plus rapidement que celles d'autres groupes, le président a déclaré que la race n'était pas un facteur

"Les fermiers sont tués, il se trouve qu'ils sont blancs, mais qu'ils soient blancs ou noirs ne fait aucune différence pour moi.

Kunani poursuit en disant que la décision de Trump est conforme à la politique intérieure actuelle, qui a vu les tentatives de lutte contre le racisme aux États-Unis, telles que la discrimination positive, réduites à néant.

Tendai Achiume partage cet avis.

"L'istration Trump cite les programmes de réforme agraire, les mesures d'action positive comme base pour pointer du doigt les Afrikaners", dit-elle.

"Elle caractérise les mesures anti-apartheid comme une persécution raciste des Blancs. C'est une perversion stupéfiante des normes fondamentales d'égalité et de non-discrimination."